Chapa est une ville au Nord du Viêt Nam. La ville et le marché de Sa Pa, chef-lieu du district du même nom, se trouvent à 1 500 mètres d’altitude sur un affluent du fleuve Rouge (Sông Hông), dans la province frontalière de Lào Cai, à l’extrême nord du Viêt Nam.
Sa Pa était jadis un lieu isolé, mais les autorités coloniales françaises y fondèrent un poste militaire et une mission catholique au tournant du xxe siècle. Une station d’altitude coloniale (hill station) y fut ensuite active durant près de cinquante ans. Sa Pa est aujourd'hui un point d'attraction touristique dans la haute région du nord Viêt Nam.
En 1993, quand la haute région fut ouverte à la circulation touristique nationale et internationale pour la première fois depuis 1947, on vit se répéter, sur une échelle et à un rythme plus grands encore, une phase de développement du commerce et des infrastructures analogue à celle de l'époque coloniale. En 2006, l'affluence touristique annuelle, qui se chiffrait à quelques dizaines de fonctionnaires du Parti avant 1992, était passée à 138 622 visiteurs, les trois quarts étant d'origine vietnamienne. La demande en produits agricoles frais s'accroissant, des marchands et intermédiaires kinh s’emparèrent de ce segment du marché, mettant à profit leurs liens commerciaux avec l’extérieur. Enfin, la demande touristique en artefacts – vrais ou faux – crût de façon considérable et de nouvelles possibilités commerciales s’ouvrirent.
Les interactions touristiques, telles qu’elles réapparaissent à Sa Pa depuis 1993, ne sont donc pas entièrement nouvelles pour les montagnards de la région. Des aînées hmong et yao autour de Sa Pa se souviennent de la présence française et des bénéfices économiques liés à cette présence. Fortes de leur expérience passée, elles savent répondre à la demande touristique actuelle en artefacts « ethniques ». Toutefois, les seules autres formes de l’activité économique liées au tourisme qui touchent les montagnards, tels l'accueil en village de groupes de trekkeurs et la représentation artistique à des fins touristiques, encore embryonnaires, relèvent souvent de l'initiative des entrepreneurs kinh de Sa Pa, ou d’ailleurs dans le pays, qui en ont le contrôle.
Depuis l'indépendance en 1954, le comité populaire de Sa Pa est responsable de la destinée de la ville et de son district. Le comité populaire est contrôlé par la minorité kinh du district, laquelle ne représente que 14 % de la population. Les montagnards, dont la majorité sont analphabètes et dont beaucoup, notamment les femmes, ne parlent pas le vietnamien, n’ont que nominalement voix au chapitre des décisions locales par l'entremise de leurs « représentants » de l’appareil étatique, tous accrédités par le Parti. Ce comité populaire, dopé par le récent boom touristique et supporté par les instances provinciales et nationales, promeut un développement économique fondé sur le tourisme de masse et la croissance économique rapide, comme en témoignent la construction de toutes pièces, ces dernières années, d'un quartier officiel centré sur un grand lac artificiel ceinturé de dizaines de bâtiments de fonction. Le rôle réservé aux montagnards dans cette équation reste largement confiné à celui d'une simple attraction colorée.